Le nymphée
Curieux petit bâtiment de plan carré, qui s’élève à côté de la Grande Chapelle et dont la voûte de forme trapézoïdale est ornée de rocailles, d’innombrables coquillages et de diverses pierres. Le tout représente des figures marines (sirènes, oiseaux aquatiques) encadrées de compositions ornementales, d’esprit pré-baroque.
Mentionné dans tous les guides il constitue un des tout premiers édifices de ce genre, dont la mode (importée d’Italie par les Médicis) devait atteindre par la suite une ampleur extraordinaire en France, gagnant le Versailles de Louis XIV (grotte de Thétys aujourd’hui disparue). Tel que vous pouvez le contempler, il nous est parvenu à peu près intact, à deux détails près : la mosaïque du sol comportait un jet d’eau, neutralisé depuis et l’entrée actuelle a été inversée au XIXe siècle, lors de la construction de la première chapelle, dont le chevet venait s’adosser au bâtiment.
Un peu d’histoire…
Une tradition orale prétend que les fameuses « Conférences d’Issy » (1694-1695) réunissant Bossuet, le cardinal de Noailles et M. Tronson (Supérieur Général de St Sulpice) se sont déroulées à l’intérieur. Ces séances de travail (dont on ignore le nombre exact, et qui ont abouti à la signature des célèbres 34 articles) avaient pour but de clarifier la doctrine de l’Eglise en ce qui concerne certains aspects de la vie mystique (querelle du quiétisme). Elles opposèrent, comme on le sait, deux grands évêques théologiens : Bossuet et Fénelon. On ne peut la résumer, ici, qu’en quelques mots. Fénelon, influencé par la célèbre Mme Guyon, soutenait la doctrine du pur amour. La vie mystique consiste en l’abandon passif entre les mains de Dieu, aimé pour Lui-même, sans recherche aucune des avantages ou des intérêts qu’Il pourrait nous procurer en échange (cf la formule célèbre de Mme Guyon : « Même s’Il me damnait je l’aimerais encore »)
Bossuet n’accepte ni cette passivité, ni cette apparente inaction et prétend que nous ne pouvons dissocier l’amour que nous portons à Dieu de l’espérance du Salut qu’Il nous donne. Il est, en même temps, notre But et notre Récompense. Cette querelle apparemment dépassée et relevant exclusivement de la théologie, intrigue et passionne, en fait, toujours humanistes et philosophes (Fr. Mallet-Joris, V. Jankélévitch…), car elle pose, avec acuité, le problème des conduites désintéressées et des comportements égoïstes. Aimons-nous la vertu pour elle-même ou pour les avantages qu’elle procure ? L’altruisme n’est-il que le versant sublime de notre égoïsme foncier ? Interrogations toujours actuelles.
C’est à la dernière conférence, seulement, que Fénelon fut convoqué pour s’entendre signifier la désapprobation des prélats. Il se soumit plus tard, noblement. Il est possible que, durant le mois d’Août et les beaux jours de Septembre, les conférenciers se soient reposés de temps à autre à l’intérieur du petit pavillon, mais l’état de santé très dégradé de M. Tronson, à cette époque, exclut qu’ils y aient organisé des réunions de travail.
Bâtiment principal
Jardin à la française
La grande chapelle
La crypte
Les vitraux
Les vitraux sont datés de 1901 et signés de Félix Gaudin, peintre-verrier et mosaïste français. Né à Paris le 10 février 1851 et mort le 15 septembre 1930 au château de Corcelle, à Châtenoy-le-Royal (Saône-et-Loire, France), il a commencé sa carrière à Clermont-Ferrand puis l’a poursuivie à Paris. L’iconographie évolue autour de la Vierge, de sa Présentation au Temple à son Couronnement. Nous remercions Erwan BACHA© qui a photographié les vitraux et M. Jean-Marie BRAUNS, […]